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  • 23-02-2023
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Pluralisme culturel

La représentation des femmes et des minorités dans l'offre audiovisuelle en France

Étude d’un échantillon de productions diffusées sur Arte.TV, Disney+, France.tv Slash, Netflix,TF1 et UGC.

Les médias audiovisuels jouent un rôle essentiel dans la construction des représentations sociales et du vivre ensemble, par les images qu’ils véhiculent et l’ampleur du public qu’ils sont capables d’atteindre. Le cinéma, malgré les crises qu’il traverse, demeure la pratique culturelle la plus répandue en France, c’est l’un des loisirs les plus accessibles1 et les moins discriminants2. De la même manière, la télévision reste le média de masse par excellence, avec un taux d’équipement3 de 96 % des ménages, une part stable depuis les années 1990. Les services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) participent quant à eux à la mutation de l’économie de l’audiovisuel4 vers une offre délinéarisée adaptée aux nouvelles habitudes du public, ainsi le taux de pénétration de la vidéo à la demande par abonnement (VàDA) est de 25 % des internautes en décembre 2021, soit 8,7 millions d’utilisateurs quotidiens5.

En France, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a, parmi l’ensemble de ces missions, celle de promouvoir la diversité sociale et de lutter contre les discriminations, en vertu de l’article 3-1 de la loi du 30 septembre 1986 modifiée. Plusieurs actes réglementaires viennent préciser les obligations de l’Arcom à cet égard. Chaque année, l’autorité rend compte au Parlement des actions des éditeurs de services de télévision et de radio en matière de promotion de la diversité sociale et de lutte contre les discriminations. Pour ce faire, elle établit notamment un outil de mesure, photographie à un instant donné de la représentation de la diversité sur les écrans, le « Baromètre de la représentation de la société française ».

Le baromètre 20216 a été réalisé à partir du visionnage de 19 chaînes de la TNT (TF1, TMC, TFX, France 2, France 3, France 4, France 5, France info, M6, W9, Canal+, C8, CStar, CNews, BFM TV, LCI, NRJ 12, Gulli et RMC Story), sur trois semaines (du 25 au 31 janvier et du 15 au 21 novembre 2021 pour la période hors confinement ; du 5 au 11 avril 2021, au cours de laquelle avait été déclarée une période de confinement liée à la pandémie de Covid), sur les tranches horaires de 17 heures à 23 heures et parmi plus de 2 900 programmes tous genres confondus.

En complément de la démarche de l’Arcom, nous avons mené une étude exploratoire visant à objectiver la représentation des femmes et des minorités dans l’audiovisuel, entendu au sens large. Certains diffuseurs semblent avoir fait de ces enjeux leur marque de fabrique, ce qui n’est pas sans susciter de vifs débats comme en témoignent les accusations de « wokisme »7 contre Netflix, ou encore celles en militantisme politique contre France.tv Slash. Lors de la campagne présidentielle en février 2022, des militants issus du collectif #PasAvecMaRedevance ont accusé la chaîne du service public de « reprendre sans retenue tous les tropismes chers aux wokes ». Le groupe a répondu que « Pour construire notre ligne éditoriale8, on est partis des parcours de vie de jeunes adultes et des thèmes qui leur tiennent à coeur (…) ce n’est pas du militantisme, c’est de l’engagement pour des valeurs, contre les discriminations et c’est une utilité qu’on revendique ». Certains des choix de Disney+ ont également fait l’objet de polémiques comme lors de l’annonce, dans le remake de La petite sirène9, du rôle attribué à Halle Bailey, chanteuse et actrice noire.

Il nous a semblé intéressant de confronter l’ambition d’un audiovisuel inclusif à des observations empiriques. Nous avons choisi de porter un regard sur une pluralité de diffuseurs, de la salle de cinéma aux services de VàDA, en passant par des chaînes de télévision ou leur déclinaison numérique. Les six diffuseurs étudiés, tous à leur manière, illustrent les nouvelles habitudes de consommation du public et témoignent, sur le sujet de la représentation des femmes et des minorités, de lignes éditoriales, revendiquées ou induites différentes.

Lire l'étude

Notes

  1. Joëlle Farchy, Le cinéma n’est plus ce qu’il était, Presses des Mines, 2022, pp. 111-116.

  2. INSEE, « Pratiques culturelles et sportives », France, portrait social, 25 novembre 2021. C’est la pratique culturelle la plus répandue parmi les employés et les ouvriers ou les étudiants et personnes sans emploi, c’est aussi la plus répandue chez les cadres supérieurs et professions intermédiaires.

  3. INSEE, « Équipement des ménages », Tableaux de l'économie française, 27 février 2020.

  4. Alain Le Diberder, La nouvelle économie de l’audiovisuel, La Découverte, 2019.

  5. CNC, Baromètre de la vidéo à la demande (VàD /VàDA), décembre 2021.

  6. Arcom, La représentation de la société française à la télévision et à la radio. Exercice 2021 et Actions 2022, juillet 2022, pp. 46-47.

  7. Olivier Ubertalli, « ‘Pour certains, on est trop woke, pour d’autres, pas assez’ », Le Point, 29 juin 2022.

  8. François Rousseaux, « France.tv Slash : « On ne fait pas du militantisme mais de l’engagement contre les discriminations” », Télérama, 17 février 2022.

  9. Raphaëlle Besse Desmoulières, « Une vague de haine s’abat sur la petite sirène noire », Le Monde, 22 septembre 2022.